Chroniques-Les Echos-Xavier Fontanet

Publié le par Xavier Fontanet

Compétition et Constitution

LE CERCLE. La concurrence mondiale touche tous les secteurs d'activité. Les entrepreneurs, grands et petits, l'affrontent en première ligne ; en investissant leur argent à risque, ils tiennent à bout de bras l'activité économique qui permet de financer l'Etat. Notre Constitution garante des institutions doit désormais intégrer cette tension concurrentielle, sur quatre aspects distincts et complémentaires.

1) Notre sphère publique doit être aussi efficace que celle de nos voisins. Si ce n'est pas le cas, nos entrepreneurs seront pénalisés par des impôts trop lourds, notre pays ne pourra ni attirer ni retenir les multinationales, il reculera. Inscrivons donc le principe constitutionnel de l'équilibre budgétaire, fixons la part du PIB que la sphère publique ne doit pas dépasser et le niveau maximum de son endettement. Réaffirmons son devoir d'utiliser l'argent des Français avec respect, et reprécisons les domaines qu'il faut confier à l'Etat, ceux qui vont aux territoires, ceux qui doivent être concédés, privatisés ou arrêtés.

2) Tant que la Constitution ne sera pas claire sur le moment où un impôt devient spoliateur, au sens des droits de l'homme, le pays perdra et découragera chaque année un nombre croissant d'entrepreneurs.

3) L'innovation est un des leviers les plus puissants pour l'entrepreneur, or le principe de précaution sous sa forme actuelle la rend plus difficile - quand il ne l'empêche pas. Il faut le reformuler.

4) Pour garantir l'égalité d'accès des citoyens aux fonctions électives et gouvernementales, pour assurer une large diversité de talents dans la classe politique bénéfique au travail législatif, que les membres de la fonction publique renoncent (comme on le fait ailleurs) à leur contrat de travail quand ils deviennent députés ou sénateurs.

Les entrepreneurs sont une minorité précieuse pour le pays, il est essentiel de leur faciliter le travail afin qu'ils puissent, comme tous les citoyens, donner leur mesure. La Constitution doit veiller pour le bien de tous.

Notre croissance est à portée de main

 

LE CERCLE. par Xavier Fontanet - Les dernières études de l’Insee montrent que 6,8 millions de Français travaillent pour des multinationales ; la capitalisation des dix plus grandes entreprises mondiales se situe aujourd’hui entre les PIB des 20 et 30 plus grands pays.

 

Les entreprises croissant plus vite que les pays, il est possible que l’on retrouve en 2050 parmi les 25 plus grandes entités mondiales 15 pays et 10 entreprises. A l’autre bout du spectre, on découvre, dans des métiers pointus et techniques, une profusion de petites sociétés qui sont de vrais leaders mondiaux.

Profonde évolution qui devrait amener nos politiques à comprendre que c’est de ces deux types d’entreprises globales que viendra la croissance de l’emploi. Certains pays ont compris ce qui se passe et engagent avec elles des partenariats confiants et fructueux. Résultat, l’emploi se développe chez eux. Ce ne sont ni les emplois aidés, ni la politique industrielle, ni la « justice fiscale », ni les subventions régionales qui vont nous positionner pour le futur.

Pour voir ce qu’il faut faire, que nos politiques et nos syndicats fassent preuve de réalisme, d’humilité et d’ouverture ; qu’ils épluchent les dernières études sorties depuis trois mois par Davos, Bain ou Ernst & Young. Ces travaux donnent aux pays des conseils pratiques et concordants : améliorer son attractivité, c’est-à-dire la qualité des relations sociales et l’efficacité de la sphère publique.

Cessons donc de nous regarder le nombril et de croire que c’est l’égalitarisme forcé par l’impôt qui créera la motivation nécessaire au rebond. Comparons-nous à l’extérieur, remettons notre sphère publique à un niveau compétitif, ramenons nos impôts dans la norme mondiale et voyons dans la concurrence des autres pays l’occasion de découvrir les bonnes pratiques, de nous améliorer et de montrer ce que nous avons dans le coffre.

 

 

 

 

 

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