Réponses à vos questions!

Publié le par Xavier Fontanet

 

Merci à tous pour les nombreuses questions que vous me faites parvenir sur ce blog.

Voici quelques réponses. XF  

 

 

 

 

Le concept de « démondialisation » est de plus en plus présent dans les débats et l'on a le sentiment effectivement que l'on assiste à un fort retour du protectionnisme des Etats amorcé pendant la crise. Pensez-vous vraiment que la mondialisation a encore un bel avenir ? Zadig G

 

J’observe comme vous l’émergence de ce nouveau concept qui, loin de traduire une réalité économique générale, révèle à bien des égards la crainte de nos concitoyens à l’égard de la mondialisation. Le phénomène n’est pas nouveau. Les Français, malgré la performance de leurs entreprises, n’ont jamais été à l’aise avec la mondialisation. Ils n’ont en en fait jamais vraiment compris les avantages qu’ils pouvaient tirer de cette situation. La responsabilité en revient à nos dirigeants mais aussi aux chefs d’entreprise qui n’expliquent pas suffisamment ce qu’ils font.

Il est sûr que l’on assiste actuellement à des remises en cause de la mondialisation car certaines délocalisations n’ont pas fonctionné, notamment pour les produits réalisés en petite série, en particulier lorsqu’ils requièrent beaucoup de service et d’après-vente. Un bel exemple dans la profession de l’optique : Atol.

Atol a développé le concept de la monture personnalisée. Les clients sont prêts à payer 25% de plus pour  avoir une monture absolument unique. Ces 25% permettent de relocaliser les productions. Ceci étant dit, pour les grandes séries, la délocalisation continuera et la vraie solution est expliquée dans mon livre au chapitre « mes filles n’iront pas travailler à l’usine ». Il faut anticiper la délocalisation et compter sur le système éducatif pour former les enfants d’ouvriers à des métiers d’ingénieurs, de juristes ou de vente. Nous avons montré chez Essilor que c’était possible.

La Grèce frôle le défaut de paiements. L'Europe est-elle une bonne chose pour les entrepreneurs ou faut-il laisser ces Etats en difficultés sortir de l'euro ? Jade P

 

La constitution de l’euro supposait ce que l’on appelait - de façon très imprécise- une convergence des politiques.

 

La monnaie unique révèle les pays où l’industrie est compétitive et ceux où elle ne l’est pas.  Aux Etats-Unis où la main d’œuvre est mobile et où l’on parle une seule et même langue, les salariés n’hésitent pas à quitter les entreprises non compétitives et à changer de région si nécessaire. Les poches géographiques de chômage se résorbent. Ce n’est pas le cas en Europe où les gens sont beaucoup moins mobiles et parlent des langues différentes. L’euro met la pression sur les régions les moins compétitives où le chômage augmente et où il est impossible de  dévaluer.

 

Le problème grec est d’une autre nature. Il a pour origine l’Etat.  Les Grecs ont profité de taux d’intérêt bas grâce à l’euro et ont accepté des déficits publics qu’ils n’auraient pas eus s’ils étaient restés hors de la zone euro. Quand les prêteurs ont réalisé que le risque grec -en fait le risque de l’Etat grec- était réel, les taux ont explosé. Les Grecs sont condamnés à réduire rapidement leur déficit public et ce n’est pas facile car l’euro est fort. A l’inverse, sortir de l’euro est une décision délicate car elle signifierait qu’ils ne rembourseront jamais certaines institutions financières …. qui s’en souviendront pendant des dizaines d’années.

Le risque est de provoquer une longue  récession. Je crois que la réduction drastique du déficit et le maintien dans l’euro est la solution la plus sage …mais  elle demandera des efforts très durs sur une longue période.

 

C’est, je crois, un signal que les Français devraient prendre très au sérieux.  

Notre gouvernement n’est pas assez ambitieux en matière de réduction des dépenses de notre sphère publique notamment.   

Cet attentisme ne sert pas l’intérêt général du pays. Je suis très choqué que nos politiques aient laissé filer les déficits. On ne peut pas accuser les entreprises d’avoir une responsabilité dans cette affaire. Les entreprises ont été en concurrence et ont tenu leurs coûts. Charles de Gaulle et Georges Pompidou avaient laissé une situation équilibrée et sans dette. Depuis, on assiste à une grande dérive. Elle dure depuis trente-huit ans. Gauche et droite ont la même responsabilité dans cette affaire.



Les grandes fortunes sont désormais plus nombreuses en Asie qu'en Europe. Est-ce vraiment dramatique ? En tous les cas, pour moi, cela ne change pas ma vie. Pierre T

 

A court terme, cela ne change pas grand chose en effet. Mais à long terme, c’est une toute autre affaire. Supposez un moment que tout le capital parte en Asie. C’est là que se prendront toutes les décisions, les Français seront employés par des sociétés dirigées par des asiatiques.

Conséquences : les possibilités d’évolution ne seront plus vraiment les mêmes pour eux, les décisions concernant  les localisations d’usines ou de centres de recherche seront différentes, la nature des jobs changera alors en France. S’il n’y a pas de capital français, le pays chutera. Il faut comprendre, soutenir voire admirer les belles entreprises françaises. Notre prospérité dépend largement d’elles.
Dans le monde actuel, on ne peut pas vouloir un niveau de vie élevé et fustiger les créateurs  de richesse.


En bon libéral, vous êtes un adepte de la notion de progrès. Votre livre donne le sentiment que l'humanité aura toujours la chance d'accéder à plus de richesse. Les ressources ne sont pourtant pas illimitées et l'accident de Fukushima a de quoi nous faire réfléchir sur notre illusoire maîtrise de l'environnement. Qu'en pensez-vous ? Rachida U

 

Attention, je suis quelqu’un qui croit en l’homme et en son talent. En confiance, l’homme est capable de faire des choses extraordinaires. Il y a des limites à certaines ressources, c’est un fait. Mais parallèlement, les progrès technologiques sont extraordinaires. Regardez les progrès des voitures en termes de consommation, les progrès des cellules photovoltaïques, les progrès en matière d’isolation etc. La technologie règlera les sujets, c’est mon sentiment. Je suis personnellement infiniment plus sensible aux pollutions de toutes sortes qui détruisent l’environnement qu’au risque de manque de ressources. Mais c’est un avis personnel et il me faudrait un livre pour bien l’expliquer.

Je suis étudiante en économie. L'un de mes enseignants a évoqué la nécessaire suppression du SMIC pour pouvoir résoudre la lancinante question du chômage des jeunes (record d'Europe pour la France avec 23 %). Je ne vous cache pas que nous avons été très nombreux à avoir été choqués par cette proposition. Est-ce selon vous une solution pertinente ? Peut-on vraiment vivre avec moins du SMIC ? Hélène G

 

Non Hélène, on ne peut pas bien vivre dans un pays comme la France avec un SMIC et le chômage des jeunes est un grave souci. J’ai de nombreux petits enfants et je pense à eux, soyez en sûr !

 

Mais je ne pense pas que la suppression du SMIC ou la création d’un SMIC jeune soit la solution. C’est en faisant confiance aux jeunes, (et le salaire est une preuve de confiance à bien des égards), que ceux-ci progresseront, acquièreront une expérience et apprendront un métier. 

Il faut en fait  réduire les coûts de l’Etat et la bureaucratie administrative qu’entrainent inévitablement des règlements trop compliqués. Ces freins gênent les entreprises et ne leur permettent pas de s’exprimer ; c’est finalement une chose terrible que le « protecteur » soit, si l’on réfléchit bien … l’empêcheur. Je crois que c’est Coluche qui parlait de l’entraineur d’un marathonien qui était grassouillet…

 

Il faut aussi que ceux qui sont mobiles aillent voir du pays. On recherche du monde en Australie, au Canada, dans certaines régions des USA ! Voir du pays et travailler a l’étranger, c’est une expérience unique !

 

La réponse à cette situation difficile pour la jeunesse de notre pays est la croissance. Je crois que c’est en donnant aux entreprises un environnement où l’initiative des entrepreneurs peut s’exprimer que l’on retrouvera cette croissance. C’est le sujet fondamental pour l’avenir de notre jeunesse.

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